Beaucoup se sont réjouis des premiers chiffres sortis dans les médias pour annoncer la spectaculaire envolée du budget jeunesse et sport pour 2016. Après deux ans de stagnation, les crédits votés par les députés début novembre augmentent en effet de 37%. Pourtant, au delà des chiffres, nous ne pensons pas qu’il soit de bon ton de se féliciter pour ce budget.
En effet, derrière ce chiffre mirobolant mis en avant par les médias, se cache une réalité bien plus mitigée.
L’essentiel de cette hausse est portée par le secteur « jeunesse et vie associative », avec un bond de 70%. Cette hausse s’explique par le doublement des moyens alloués au service civique. L’emploi associatif sera donc toujours plus fragilisé, au détriment du statut précaire du volontariat. Au lieu de se concentrer sur de vrais emplois formés et rémunérés dans le secteur associatif et sportif, le ministère favorise le service civique et son indemnisation qui permet à peine la subsistance.
Cela intervient dans un contexte où les collectivités territoriales qui sont une source de soutien importante pour les acteurs sportifs, sont également soumises à l’austérité, avec un effort de 3 milliards et demi à faire sur les 16 milliards d’économies prévues pour l’année 2016 pour l’état, les collectivité, et la sécurité sociale. Les projets pourtant à forte innovation sociale des acteurs de terrain auront encore une fois du mal à trouver la reconnaissance et le soutien financier nécessaire pour répondre aux enjeux de vivre-ensemble et de cohésion grâce au sport. Enfin, le CNDS, centre national pour le développement du sport, censé accompagner et aider le développement du sport en France, voit ses crédits en remplis. Son budget est en effet amputé de 6 millions d’euros. De 2008 à 2014, le nombre de structures financées par le CNDS a été quasiment divisé par deux.
Loin du chiffre mirobolant affiché, le budget sport enregistre une hausse de 4 %, à 230 millions d’euros. Si on prend en compte la baisse du budget CNDS, le budget total des sports n’évolue positivement que de 0,6 % à 497 millions d’euros, soit 0,14 % du budget de l’État. La stagnation continue, et les acteurs de terrain vont donc continuer de devoir bricoler avec des bouts de ficelle malgré les beaux discours sur le besoin décrit par tous les politiques de « recréer du vivre-ensemble dans les quartiers populaires ».
Faire des discours, c’est bien. Nous donner les moyens, c’est mieux !
Une politique sportive élitiste
Au delà du montant du budget global, l’étude des montants alloués aux différents programme de la politique sportive relève une fois de plus une orientation élitiste, au détriment du sport populaire pour le plus grand nombre. Si le « développement du sport de haut niveau » voit 176 millions d’euros de crédits lui être alloués, la « promotion du sport pour le plus grand nombre » ne bénéficie que de 7 millions d’euros pour 2016, soit deux fois moins que l’année précédente. Ce budget prévoit même une prime de 5 millions d’euros supplémentaires pour les médaillés des JO de Rio, qui valent presque autant que la promotion du sport pour le plus grand nombre. Ces chiffres se passent de commentaires et reflètent une vision élitiste malheureusement trop souvent partagée. Le sport de haut niveau mobilise l’essentiel de l’argent public au détriment des actions sportives éducatives porteuses d’une valeur sociale pourtant très riche.
Crédits 2015 de la politique sportive
Crédits 2016 de la politique sportive
Source : http://www.performance-publique.budget.gouv.fr