Cette chronique est dédicacée à Guillaume, car il nous manque beaucoup et on a hâte de le revoir ! Elle l’est de même aux blessés d’hier et de longue date : vous aussi, on a hâte de vous revoir !
NB : cette chronique pourrait paraître longue, très longue, trop longue (ceci étant une dédicace à Youyou, qui, a priori, n’a pas encore arrêté de lire). Sachez que les cinq derniers paragraphes ne concernent que la « troisième mi-temps », et sont donc dispensables, si vous souhaitez ne connaître que le déroulement du match (ce qui serait dommage, car le Spartak maîtrise bien mieux la troisième mi-temps que les deux premières).
En ce mercredi 30 janvier, c’est directement au Kipstadium de Tourcoing, que les joueurs de l’équipe se retrouvent pour affronter Decathlon. Ceux qui étaient présents hier, lors du match contre Lille 1, racontent par le menu à leurs petits camarades, ce match au score anthologique (56 – 26, on le répète à l’envi, 30 points d’écart !). Les plus anticapitalistes de l’équipe toisent d’un regard mi-suspicieux mi-goguenard ce temple dédié au sport (et au profit). Après avoir traversé nombre de couloirs et de passerelles, l’équipe se retrouve sur le terrain et commence à trottiner. C’est le moment de connaître la composition !
C’est devenu une coutume solidement ancrée : une nouvelle joueuse rejoint nos rangs et dispute son premier match ! La semaine dernière, elle donnait de la voix, dans les tribunes, à La Madeleine. Désormais, c’est du banc et sur le terrain que Céline fera retentir ses éclats de rire ! À ses côtés se mélangent des joueurs présents au match d’hier et d’autres qui font leur grand retour : Romain, Nico, Antoine, Manu, PE, Youyou, Abdel, Max, Vincent, Mat, Justine, Pablo. On notera que ce soir, Max sera le seul portier, Val n’ayant pu être des nôtres.
Allez, c’est parti ! On est motivé, on est souriant, assez confiant, mais surtout, content d’être là ! Un petit cri de guerre avant de commencer ? « Choune qui mouille, bon pour les couilles ! ». On vous rassure immédiatement : ceci n’est pas le nouveau cri du Spartak. Le notre en est encore au stade embryonnaire du « Pour le Spartak, hip hip hip ! ». Non, c’est Decathlon qui donne le ton, d’emblée. On se rassure : a priori, ces derniers montreront déjà plus de « fun » que les austères adversaires de la veille !
Decathlon déclenche le premier tir et Max effectue le premier arrêt d’une trèèèèèèèèèèèès looooooongue série d’arrêts. Disons-le tout net : c’est réellement à Max qu’on doit le cours et l’issue du match. Si Jésus multipliait les pains, et d’ailleurs, « je n’ai jamais vu un homme distribuer autant de pains », Max est ce soir la résurrection moderne du Christ et multiplie les arrêts, pour le salut de l’équipe. Tout de suite derrière, Nico ouvre le score ! Ainsi, LE SPARTAK MÈNE ! Immédiatement après, le Spartak se voit offrir l’occasion d’un second but, puisqu’une contre-attaque se met en place ! Las, Manu tirera au-dessus. Stupéfaction sur le banc. On soupçonne le jeune homme d’avoir raté exprès, afin de pimenter le jeu. Le Spartak, mener de 2 buts dès les premières minutes du match ? C’eût été trop facile !
Max arrête un but (le chroniqueur tient à préciser qu’il a copié-collé cette phrase, afin de réduire l’écriture de cette chronique d’une bonne heure et demie). Lecteurs, suivez-vous attentivement ? Où en est-on dans le score ? Eh bien, toujours à 1 – 0 pour le Spartak (ON MÈNE !). Mais Decathlon finit par s’impatienter et le demi réalise une très belle passe dans son dos, en direction de l’arrière, qui, élancé, trompe la défense et marque : 1 – 1 à la 3e minute. Oui, le Spartak a mené pendant 3 minutes ! Sans doute un record historique, à faire homologuer ! Decathlon enchaîne rapidement sur une contre-attaque. Celle-ci est enterrée par la défense spartakiste, mais malgré cela, ça finit au fond des filets. But marqué par une joueuse, le score bascule : 3 – 1.
Il n’en fallait pas plus pour qu’Antoine se décide à nous offrir une lucarne, dont il a le secret : en toute décontraction, personne ne le voit venir, il déclenche en appui, au poste de demi. 3 – 2, on remonte ! Contrôle-V (c’est-à-dire : Max arrête un but), mais Decathlon récupère la balle ! 4 – 2, à la 5e minute. Manu et Abdel partent en contre-attaque et remettent les pendules à l’heure : 4 – 3 ! Quel score serré ! Cette entame de match est enlevée et haletante ! Surtout, tous les espoirs sont permis et on se prend à rêver de victoire, sur le banc… Max arrête un but, Romain récupère la balle et lance une contre-attaque, que Nico concrétise : 4 – 4, à la 6e minute ! Le Spartak est revenu à ÉGALITÉ ! Le banc exulte ! On regarde le tableau de score, médusé ! Céline s’empresse d’immortaliser l’exploit, en photo ! PE, en pivot, fait la passe à Pablo, qui plonge à l’aile droite, mais le ballon est stoppé. Une nouvelle contre-attaque Spartakiste ! Comme vous le verrez, ce type d’action sera légion, au cours de ce match. En effet, Décathlon, pour notre plus grand bonheur, multipliera non pas les pains et les arrêts, donc, mais les pertes de balle. Ainsi, Romain sert Manu qui trouve les chemins du but ! 4 – 5. Attendez… Attendez… Mais… MAIS LE SPARTAK MÉNE ! Le banc est en feu, le banc s’époumone, le banc n’est que sourires béats et larmes de joie ! « Céline, vite, VITE, prends une photo ! ». On ne lâche plus rien ! Belle défense de Manu !
Chers lecteurs… Si vous êtes désormais des aficionados de ces chroniques, à ce moment, vous devriez être capables de deviner ce qui va suivre… Vous pourriez même l’écrire, à la place du chroniqueur. Faites le test. Essayez d’imaginer, avant de lire la suite. Ça y est ? On résume : le Spartak a réussi à remonter, et même, mène la danse ! Le Spartak domine clairement. Le Spartak a un boulevard pour s’assurer une belle et franche victoire. Le Spartak tient dans sa ferme poigne l’issue du match, qui sera sans conteste en sa faveur. Alors ? Que va faire le Spartak ? Eh bien, tout simplement être lui-même ! Jugez plutôt : Manu, en attaque, s’élance et déclenche… une passe destinée à Antoine, qui alors, l’attendait en suspension dans les airs, au dessus de la zone. Eh oui ! Bien évidemment qu’ils l’ont tenté, non pas au début, ni à la fin, mais à ce moment précis du match : le kung fu ! Ils sont splendides d’insolence ! Mais malheureusement, la physique – sinistrement terre-à-terre – se fiche de la beauté et de la poésie contenues dans ces attitudes crânes. On ne se souvient plus si la passe n’est pas réceptionnée, si le gardien arrête le tir ou si ce dernier n’est pas cadré, l’esprit encore frappé de tant de culot. Peu importe, le but n’est donc pas marqué et la balle est vite remise en jeu, si vite que Decathlon inflige une contre-attaque au Spartak. La joueuse marque et redistribue les cartes du match. D’un 5 – 4 pour le Spartak, on passe à un 6 – 5 pour Decathlon. Du Capitole à la roche Tarpéienne, ainsi, il n’y a qu’un pas, ou qu’un kung fu furieusement esquissé.
Mais Manu ne les laisse pas longtemps jubiler, ces suppôts du grand capital (il se pourrait que le chroniqueur fasse parti des « plus anticapitalistes » susmentionnés), et rétablit la balance : 6 – 6 ! Juste après son action (une prise d’intervalle, rapide, propre, tranchante comme la lame d’un couteau fraîchement aiguisé), la joueuse qui défendait face à lui sort, et s’exclame d’un ton irrité : « Vas-y, il passe partout le mec ! ». Antoine, en défense, intercepte un ballon et fuse en contre, mais c’est arrêté. Max arrête un but. Max arrête un but x2. « Bel arrêt », souffle, admiratif… l’arbitre ! Oui, même l’arbitre tire son chapeau à Max, plus en forme que jamais, comme vous l’entendrez par la suite ! En attaque, Justine se lance à l’aile droite, mais c’est arrêté. Max, derrière, sauve les meubles en arrêtant la contre-attaque issue du tir manqué. On y retourne ! Sur une passe de Justine, Antoine marque. PE, juste après, n’aura pas cette chance, son tir ayant été dévié. Point score ? Ohlala, ce que vous êtes attachés aux chiffres, au score, à la victoire, à la gagne, à la compèt’ ! Pas très Spartak, cet état d’esprit ! Mais si vous insistez, alors apprenez que Decathlon, désormais, mène de 9 buts à 7. « Arrêt Max avec réussite », lit-on dans le carnet. On ne sait pas si c’est un pléonasme, ou si la réussite de cet arrêt est dû à une parade mirifique. « Et Max qui continue… ». On ne sait pas si les trois points de suspension trahissent un ébahissement ou une lassitude (oui, parce qu’à force, bon, ça devient monotone, non ?). Le Spartak est en attaque et l’arbitre siffle un penalty ! Pablo est désigné et envoie le ballon « dans les mauvais filets », comme le consigne pudiquement le scribe.
À ce moment du match, on ne sait plus trop pourquoi, mais l’écart se creuse. À la faveur des buts valant double, probablement. Quoi qu’il en soit, nous en sommes désormais à 12 – 8 pour Decathlon. Mais c’était sans compter sur Manu, dont la conception du hand s’est affinée en l’espace d’une nuit (voir la chronique précédente) : il marque en arrière droit, puis remarque tout de suite après ! 13 – 10 ! On recolle au score, rien n’est joué ! L’euphorie gagne tous les joueurs, et particulièrement Mat, qui revient en défense, les bras écartés et laissant échapper un long et perçant « whouuuuuu ! » :
« Il a marqué ?, demande alors un des joueurs sur le banc.
– Euh, non » lui répond-on.
À la faveur d’une énième contre-attaque, Romain fonce en direction des buts, il tire, mais sur la transversale ! Sa course était telle qu’il la finit après les buts ! Sauf que derrière les buts de cette grande salle du Kipstadium, on trouve… des filets, qui séparent deux grands terrains concomitants. Romain s’effondre au sol, et tout le monde se précipite autour de lui, craignant la blessure grave. Fort heureusement, Romain se relève, boitillant et souriant, et emprunte fugacement à Jean Lefebvre: « J’ai glissé sur le filet, et je suis tombé sur le cul », expliquera-t-il au banc, partagé entre le soulagement et le rire.
Decathlon creuse l’écart : 14 – 10. Mais à nouveau, Manu ne laisse pas cette offense impunie. Ni une, ni deux, il intercepte le ballon et remonte jusqu’à l’aile, pour trouver le fond des filets : 14 – 11. « C’est ouf comme il sait bien se déplacer, on ne le voit même pas accélérer », lâche un de ses coéquipiers, sur le banc. Et l’on se réjouit de ce concert de louanges, auquel on assiste, venant de toutes parts, durant ce match. Decathlon ne baisse pas les bras et, sur le banc adverse, on entend s’élever une clameur : « La spéciale ! On fait la spéciale ! ». On n’a pas vraiment su quelle combinaison ce nom énigmatique recouvrait, mais en tout cas, l’ailière marque et le score bondit : 17 – 11. Sauf que nous aussi, au Spartak, on sait faire des combinaisons spéciales ! En l’occurrence, une contre-attaque menée tambour battant par Antoine et Pablo ! 17 – 12 ! Et c’est sur cet écart de 5 points que se conclut la première période.
5 points, ce n’est pas grand-chose. Néanmoins, pendant la mi-temps, regroupé au point de corner, on sent bien une certaine tension, chez certains joueurs. Peut-être est-ce la déception liée aux ratés (c’est vrai qu’on ne s’est pas appesanti sur les diverses pertes de balle, les immanquables manqués, les mauvaises passes, les défenses en passoire spartakistes…).
5 points, ce n’est pas grand-chose… Pour peu qu’on démarre la deuxième période en fanfare ! Mais visiblement, le Spartak n’était pas d’humeur à sortir les cuivres et à accorder ses diapasons. L’entame laborieuse, voire pied-nickeléesque de la deuxième période commence à devenir une inquiétante récurrence… Jugez plutôt :
Déjà, dans le rond central, PE fait sa passe et se dirige vers les 6 mètres, afin de rallier son poste de pivot. Mais il le fait… avant le coup de sifflet ! Trop-plein d’enthousiasme louable ou étourderie présageant des gaffes en série pour l’équipe ? On fait remarquer à Vincent, au poste d’ailier droit, qu’il est… en dehors du terrain ! « Mais je ne vois pas la ligne de touche ! », lance-t-il. PE, en pivot, récupère la balle et opère un rapide volte-face… du mauvais côté, et vient s’emplafonner dans le mur décathlonien. Entre temps, Decathlon marque, mais le Spartak aussi : Romain, en lucarne. D’ailleurs, à la fin du match, l’arbitre, qui n’est donc pas avare en compliments fleuris, lui donnera du : « Dis-donc, t’es un pro des lucarnes, mon salaud ! ». Ainsi, 18 – 13. Et soudain, un improbable imbroglio se noue et se dénoue sous nos yeux. Le scribe n’a pas eu le temps de noter toutes les pertes de balle : qui de Decat’, qui du Spartak, la perd, la reprend, la reperd – dans tous les cas, ce mix entre jonglage et « patate chaude » se termine par un but… de Vincent ! Sur une passe d’Antoine ! Le banc est soufflé ! « Oui, Max, bon ça ! » se propose comme variante de « Max arrête un but ». Antoine contre-attaque et le joueur jouxtant le scribe intime : « Improbable, tu peux le réécrire ». L’improbabilité de l’action résidant dans la position non-usuelle d’Antoine, qui est allé marquer en prenant grand soin de nettoyer une bonne partie du parquet, ajoutant un « ventriglisse » dans cette partie de jeu déjà très axée sur le grand n’importe quoi. Après le mur de La Madeleine, c’est le sol du Kipstadium qu’Antoine étrenne !
PE se fait solide en défense. Max… je vous laisse terminer la phrase. « Facile, il fait ça nonchalamment », laisse échapper un coéquipier admiratif. Mais, visiblement, multiplier les arrêts, et détrôner Thierry Omeyer, ça ne l’amuse pas tant que ça, Max : « Faut les chatouiller un peu ! », tance-t-il. C’est vrai que la défense spartakiste a déjà été plus agressive et moins gruyèresque. Après une interception, on assiste à une jolie montée de balle entre Antoine, PE et Romain. Mais c’est dehors. Decathlon contre-attaque et marque : 19 – 15. « Ce match est bien, parce qu’il n’est pas fou », déclare soudainement Pablo, assis près du banc. Le scribe et le joueur le jouxtant lui lancent un regard légèrement interloqué.
À ce moment du match, le Spartak connaît un passage à vide – encore ? – qui voit l’écart se creuser de 6 points : 21 – 15. Pourtant, « Antoine et PE se font des passes de folie ! », Abdel met fin à une contre-attaque. C’est d’Antoine que vient la délivrance, comme bien souvent : « 16e but Spartak, sur un modèle de prise d’intervalle », lit-on griffonné dans le carnet. Quoique « griffonné » n’est pas le terme juste… Un nouveau scribe entre dans le game et propose visiblement au chroniqueur un petit jeu de déchiffrage ! Décidément, cette deuxième mi-temps n’en finit plus d’être ludique ! Allez, on s’y essaie :
« 17e but, Antoine aux 9 mètres, 25 – 17 ! L’équipe se reprend ! (énergiquement souligné deux fois). Nouvel arrêt de MAX ! Contre-attaque arrêtée → but du Spartak ! 25 – 18. But Décat’ 26 – 18. Superbe attaque placée du Spk… Mais marché ! Princess (nom floqué sur le maillot d’une joueuse de Decathlon) marque ! Elle nous fait la misère (car, en effet, avec ce tir, l’écart est désormais de 10 buts… Rappelons que le Spartak avait ouvert le score… Rappelons que le Spartak avait mené… The Spartak remembers…). But d’Antoine sur le retour ! 28 – 19. Tir de mule de Manu sur le poteau ! (On notera que ce scribe n’est pas vraiment clément envers ses petits camarades de jeu). But de Décat’ sur le centre, 30 – 19 (souligné une fois). But de Nico, 30 – 20. Justine, hargneuse en défense. But de l’aile, 30 – 21. Arrêt de Max, puis nouvel arrêt de Max. Max dans la… TÊTE ! (Et là, on a la plus grosse frayeur du match. Max au sol, étourdi, et déclarant voir tout vert. Prévenants, les joueurs de Decathlon et l’arbitre lui recommandent de prendre son temps, autant de temps qu’il veut. Mais ça, c’est mal connaître ce monstre d’abnégation qu’est Max. Notre portier se relève et repart à l’attaque, non sans lancer de riantes blagues à l’ailier l’ayant headshoté, faisant ainsi montre de sa grande mansuétude). Max se relève, abnégation du CHAMPION ! »
Changement de scribe, à la graphie désormais tout en arrondi. Si l’on peut désormais déchiffrer l’écriture, rien n’indique que l’on pourra en faire de même, quant au sens… Voyez-vous-même :
Ainsi, on apprend que Romain a repris la balle et que « le vol de la colombe ». Le chroniqueur s’engage à demander ultérieurement plus amples explications à ce scribe poète mais hermétique. X2 ET BUUUUUUT ! Défense en place. Arrêt en défense de PE. Et but de Nico sur passe de Manu. Malgré une belle défense de (le prénom « Vincent » est barré, puis celui de Mathieu) l’équipe, but de Decat’ (ici, certains joueurs auront démasqué ce scribe oublieur de prénoms. Surtout Max-Manu). Tentative de but de Princess mais sublime arrêt de Max le Survivant. Belle fixation de Justine en attaque et bel essai d’Antoine. Malgré une belle reprise de Romain, but loupé (le scribe précédent devrait en prendre de la graine, de cette bienveillante redondance de l’adjectif « beau »).
Dernière action ! Croisé Justine-Antoine, passe à Manu à l’aile gauche : Buuuuuuuuut, probablement à 29’59 » ! Score final ? C’est avec fierté qu’on vous annonce un très honorable 33 à 27, pour Decathlon ! On se serre les mains, une fois, deux fois, trois fois, on se congratule, on se sourit et on file prendre la photo, dans les buts !
C’est avec un soupir de soulagement qu’on apprend que Decathlon, contrairement à nos adversaires de la veille, offre le coup à boire. De notre côté, Céline s’était proposée pour remplir cet office. Mission pour laquelle elle reçut force conseils : « pas de la Leffe, ni de la HK », « de la 33 export ! ». Son choix d’experte s’est porté sur des Jenlain ambrées et de la Goudale, tandis que Decathlon nous offrait une dégustation d’une bière brassée par leurs soins, « lors d’une réunion d’équipe ». Les plus anticapitalistes… Agitons un instant le drapeau blanc, et rendons à César ce qui est à César : tout au long du match, les Decathloniens sont venus nous emprunter de la colle, car la leur, une nouvelle formule à l’essai, ne donnait pas satisfaction. Blagueurs, on répliquait à chaque fois qu’ils nous devraient un pot de colle en retour. Taquins, on n’a pas hésité, entre deux gorgées, à réclamer notre dû. Et c’est avec une grande gentillesse qu’on nous a offert non pas un mais quatre pots de colle ! Merci !
Au fil des verres et des discussions, le groupe s’étiole. Des Decathloniens partent, suivis par des Spartakistes. Tous les joueurs désertent. Tous ? Non ! Car une petite bande de Spartakistes résiste encore et toujours à l’envahisseur (l’envahisseur pouvant être vu comme la métaphore de l’ultra libéralisme galopant, par nos lecteurs militants, s’ils le souhaitent). C’est ainsi qu’une joyeuse petite bande se retrouve à refaire le match, à découvrir les (vrais) prénoms de ses coéquipiers pour certain.es (mieux vaut tard que jamais !), à taper discut’ avec les personnes de l’accueil (« Vous bossez jusque quelle heure ? 23 heures ? Mais attendez, on va les mettre dehors, les footeux synthétiques, là ! »), et à prendre des photos rigolotes, détournant de façon salace les outils de communication de Décathlon (la pudeur, à moins que ce ne soit la honte, ou encore la peur de se faire attraper par la cyberpolice nous empêche de dévoiler ici les interprétations licencieuses de certains esprits). « Plaisir – Fairplay – Respect ». Dis-donc… On croirait cette devise tout droit sortie d’une des réunions de bureau mensuelles du Spartak (d’ailleurs, il y en a une en février : venez !) !
On discute, on discute et… les bouteilles de bière se vident, et disparaissent. Toutes ? Non ! Car le fameux « Patron du Bar » (pas piqué des hannetons), oui, celui de la précédente chronique, avait pensé à mettre au point le concept de bar-mobile, remplissant le coffre de sa voiture de bouteille de bières (non, nous ne jetterons pas l’opprobre sur lui en révélant la marque de la bière. Le Spartak, malgré ce qu’il laisse parfois entrevoir, combat toutes les discriminations, et pardonne toutes les maladresses). On sort donc se ravitailler à la source, et on trinque, heureux, sur ce parking, scintillant d’une fine couche de givre, enveloppé par la brume courant sur les terrains de l’Union, dont le passé ouvrier se devine encore, et tente de se maintenir, face à des architectures lui rendant faussement hommage.
« Partager, tester, découvrir, s’équiper ». La devise n’est plus entièrement spartakiste, mais on s’amuse quand même (surtout lorsque les quatre volontaires se retrouvent des cibles bien pratiques, pour un assaut de boules de neige, forcément bien cadrées) et on se fait même subversif, à travers ces gestes courageux et non équivoques. Ça, c’est de l’engagement et du militantisme ! On se chambre gentiment, on rit de la fragilité supposée de Max (quel toupet, ce PE !) et on reparle de ce fameux bar, dont la localisation et le nom n’ont pas encore été révélés… Il semblerait que « des Spartakistes buvant des coups sur un parking désert, à 23 heures, dans le froid, à Tourcoing » soient plus efficaces, percutants, pertinents, « productifs » (pour rester dans l’esprit Decat’), que « des Spartakistes sur un terrain de handball, quel qu’il soit », CAR, sachez-le, le nom est trouvé, et Dieu sait qu’il porte en lui toutes les promesses. Toutes ? Oui !
« Excusez-moi, mais je vais devoir fermer le parking ». On se sourit. Il faudra donc en rester là, pour ce soir. On se salue, on regagne les voitures, on entasse les covoitureurs, on choisit de la « musique régressive », et les halos oranges des lampadaires du périphérique teintent notre retour à Lille.
Quant au bar ? Patience… ! On est en pourparlers avec le Patron, pour vous concocter des soirées dantesques, dont les échos retentiront encore, pour des siècles et des siècles. Prochain match : jeudi 7 février, à Hazebrouck !