« Kung Fu Fighting » : épisode 5

Cette chronique est dédicacée à l’équipe de France de handball, dont on salue le parcours pendant ce Mondial, qu’on remercie pour ces bons moments et qu’on admire pour avoir choisi le camp du Spartak, dont la devise pourrait être : « Une défaite, sinon rien ! »

Dire que l’on appréhendait ce match serait un bien faible euphémisme. L’équipe de Lille 1, on en avait grandement entendu parler. Chaque équipe rencontrée précédemment rendait le même son de cloche : attention à eux, ils sont très forts, et surtout, ils ont plusieurs joueuses, de haute volée. Rappelons ici que les buts inscrits par les filles valent 2 points.

Ce n’est donc pas vraiment débordants d’enthousiasme, que nous arrivons à la patinoire de Bobet. Même les trottoirs, en ce matin enneigé post-alerte orange de la tempête Gabriel, glissent MOINS que le parquet de cette singulière salle.

Malgré moult défections, nous sommes tout de même 15 présents, ce soir-là. Il semblerait que chaque match spartakiste amène son lot de nouveaux joueurs. Ce soir, ce sont donc Abdel, Charlie et Hugo, qui enfilent le maillot pour la première fois. À leurs côtés, fidèles parmi les fidèles, on retrouve Luc, Antoine, Stefan, Bastien, Aurel, Max, PE, Justine, Youyou, Val, Gwen et Manu.

Un échauffement qui va bien, un cri de guerre toujours aussi approximatif et le coup d’envoi résonne ! C’est Lille 1 qui ouvre le score, avec un tir de l’ailière. 2 – 0 dès la 26e seconde de jeu. L’attaque spartakiste qui suit ce but se solde par une perte de balle. Le début d’une longue, très longue, trop longue série… Antoine défend bien, l’ailière lilloise déclenche mais n’atteint pas les cages. Bastien, en attaque, part de l’aile et repique jusqu’au centre, mais le gardien dévie. Abdel trouve PE en pivot et le gardien fait à nouveau des miracles. C’est au bout de 3 minutes de jeu qu’Antoine délivre enfin le Spartak, sur un beau tir en appui, à la hanche, au poste de demi ! 3 – 1. Les Lillois répliquent immédiatement : 4 – 1. « Le buteur a les cheveux longs, comme Antoine », susurre un joueur sur le banc, dont la perspicacité fera des étincelles, tout au long du match, comme vous pourrez vite vous en apercevoir. Afin de conserver l’anonymat de ce joueur, souhaitant le préserver des dangereux feux de la rampe de la célébrité, nous le nommerons ci-après « le Patron du Bar ».

Mais revenons à nos moutons, chaussés de patins à glace. À la faveur d’une contre-attaque féminine, Lille 1 creuse l’écart : 5 – 1, à la 4e minute de jeu. Antoine parvient à réaliser un joli un-contre-un, malgré la difficulté d’ancrer ses appuis dans cette salle (on l’a dit, qu’elle glissait de ouf, la salle ?), mais le gardien arrête le tir. Le Spartak parvient pourtant à récupérer la balle, mais celle-ci finit interceptée par les adversaires. Le Spartak ne se laisse pas faire et les Rouges et Noirs « renvoient la balle » aux Lillois, puisqu’ils interceptent également le ballon et démarrent une contre-attaque, qu’Antoine finalise : 5 – 2, à la 5e minute ! Bastien brille en défense, et se montre « ultime », face à son ailière. Stefan, en attaque, s’élance à l’aile gauche, mais la balle est arrêtée.

En attaque, Lille 1 continue de faire pleuvoir les tirs dans le but. Or, un tir arrive malencontreusement sur le poteau ! Analyse du Patron du Bar : « Val couvre si bien la cage que l’attaquant n’a d’autre choix que de viser le poteau ! ». Quelques secondes après cette sentence, Lille concrétise un but. « Ah, mais ça ne marche pas à tous les coups ». On vous avez promis de la perspicacité !

Antoine ressort sa botte secrète, déclenche en appui et envoie une praline (rouge) au fond des cages : 7 – 3 ! Certes, Lille marque entre temps, mais Antoine remet le couvert ! Sur le carnet, on distingue un cœur amoureusement tracé à côté du score : 8 – 4 ! PE nous gratifie d’une très belle défense. Puis… Puis, dans le carnet, à ce moment du match, n’apparaît plus que le score. Pourquoi n’y a-t-il plus de descriptions des actions ? Jugez par vous-même : 10 – 4, 12 – 4, 13 – 4, 15 – 4. De-ci, de-là, parfois, quelques mots émergent, dans ce déluge de chiffres : « combinaison Antoine-Youyou en pivot, mais arrêt », « Manu, très beau geste à l’aile gauche, mais dehors ». On repart dans la valse des chiffres : 17 – 4, 18 – 4, 19 – 4. « Interception du Spartak sur une contre-attaque. Attaque placée. N’aboutit pas ».

Heureusement, à ce moment du match, le carnet change de main, et le nouveau scribe semble davantage verser dans les mots que dans les nombres. Ainsi, laissons de côté le score, et concentrons-nous sur les actions. Car, en même temps, chers lectrices et lecteurs, il ne vous aura pas échappé qu’a priori… le match est plié.

C’est parti ! Nous apprenons donc que Youyou est pris en sandwich. Puis, le Spartak offre un péno à Lille, sur défense en zone. Manu frappe, mais à côté (ce qui est une drôle de conception du handball, tout de même). Lille marque à l’aile. Mais soudain ! SOUDAIN ! Soudain, PE se fait sauveur, PE trois fois saint, délivre le Spartak du dragon lillois ! PE travaille tant et si bien qu’il arrache un penalty ! Le Spartak, bloqué à 4 buts depuis bien trop longtemps, va enfin relancer la machine, grâce à ce péno immanquable ! Le penalty échoit à PE. Et là… Et là, on assiste avec une joie inextricable à un geste totalement spartakiste ! PE commence par une feinte de tir, puis tente le lob ! Un demi-centième de millimètre, c’est ce qu’il a manqué au ballon pour rouler au fond des filets. Et tant pis si le score ne décolle pas ! C’est cette prise de risque permanente, cette rodomontade qu’on aime, au Spartak ! Merci PE !

On continue : « Frappe de Manu, mais bel arrêt ». « Encore PE ! 23 – 6 » lit-on dans le carnet. Ainsi, PE s’est bel et bien fait le sauveur de l’équipe ! Arrêt de Max, un de nos deux super-gardiens ! « Youyou HS, clé de bras d’un adversaire ». Une première blessure qui sera suivie de celle de Gwen, et qui occasionnera un trafic de bombe de froid et de baume du tigre, sur le banc. Les doigts de Gwen ont morflé et ce dernier n’a d’autre choix que de quitter la partie. Youyou, on vous rassure, reviendra en découdre, en deuxième période.

Stefan s’élance alors à l’aile gauche et… c’est le but ! Alors que l’angle était improbable ! Stefan marque et, selon le scribe, ceci est le « début de la remontada » ! Et de fait, l’oracle du scribe n’est pas démenti : Stefan et PE se combinent et offrent au Spartak son 7e but ! Et que lit-on, après ? « Encore Stef à l’aile : 25 – 8 » ! Puis, vient le tour de « Manu ! » : 25 – 9 ! « Abdel marque, mais en zone », avant de conclure une belle contre-attaque ! » : 27 – 10. « Manu tout seul : 27-11 » !

C’est donc sur cette très belle et pugnace percée spartakiste que se clôt cette première période (31 – 12). Mais alors, que nous réserve la deuxième mi-temps ?! Un bouleversement total ? Un renversement titanesque ? Un chavirement cyclopéen ? N’en jetez plus, et découvrons-le immédiatement !

Antoine, en demi, fait la passe au pivot, qui avait alors oublié d’enlever ses moufles (on a déjà filé la métaphore du froid et de la glace, pour parler de cette salle ?). Heureusement, Antoine récupère la balle et marque ! Plus tard, Lille 1 part en contre-attaque. Stefan, visiblement plein de bonne volonté, essaie d’y mettre un terme et décide alors de… ceinturer l’adversaire, de façon étonnement ostentatoire ! De mémoire, jamais ce type de ceinturage ne fut pratiqué, sur des terrains de hand, ce type d’enlacement complet et total ayant, a priori, davantage lieu entre des personnes consentantes, et à l’abri des regards indiscrets… À notre grande stupéfaction, l’arbitre ne siffle qu’un jet franc. Moqueur, le banc conspue gentiment Stefan, lui conseillant même de sortir 2 minutes de lui-même ! Mais Stefan s’en sort avec un sourire et des excuses, et le match reprend.

33 – 13, 35 – 14, 36 – 14. Ça, c’était le petit point score. Revenons aux exploits de nos héros tragi-comiques. Bastien effectue plus ou moins un passage en force sur son ailière et expédie la joueuse sur le banc. Ce sera la première blessure que Bastien-le-Bourreau occasionne, première d’une longue, très longue, (jamais) trop longue série… Bon, ce n’est pas le tout, mais alors, cette histoire d’oracle, de remontada, de grand soir et de lendemains qui chantent ? Ça en est où ? Parcourons le carnet :

« Val arrête un but, et Luc marque derrière ! PE, énorme  en arrière droit ! Antoine passe au pivot, qui arrache un penalty, qu’Hugo concrétise ! WAHOOOO Val, arrêt du pied droit, sur une contre-attaque ! Val arrête un deuxième but, à la suite ! PE est inarrêtable ! Manu à l’aile droit ! Hugo en pivot ! Manu aux 9 mètres, lucarne tranquilou ! Baume du tigre en force ! Reste 5 pages, va falloir penser à changer de carnet. »

Vous noterez nos scrupules et autres soucis d’honnêteté intellectuelle et de transparence. Tout ce qui a été consigné dans le carnet sera retranscrit ici. Tout. Alles (dédicace à tous les « allemand LV1 » et aux traducteurs germanophiles). Mais on s’égare ! Alors, on repend.

Il reste 10 minutes de jeu. Le score s’apparente à quelque chose comme 47 – 23 : « Objectif : 10 buts de Justine en 10 minutes ». Lorsqu’elle entendra cela, même si elle sait que c’est une blague, Justine ne pourra réprimer un mouvement d’humeur, et fulminera intérieurement : « Je ne veux pas être utilisée, je veux être une joueuse à part entière, exactement comme vous, cette histoire de buts valant double commençant à me taper sur les nerfs ». Car, oui, le chroniqueur, omniscient, a accès à l’intériorité des personnages, plébiscitant ainsi les grandes fresques romanesques du XIXe, au détriment des enseignements du Nouveau Roman, et de tout ce que le roman a pu, par la suite, connaître de trouble, dans son genre. Mais… On s’égare, non ?

« Nettoyage de la lucarne pour les Bleus » (les Bleus étant les Lillois). « Petite annonce : vends petits travaux pas chers, appelez Manu » (le Spartak n’est jamais avare de bons plans, solidaires et populaires, même les plus saugrenus). « Tentative de volley de Youyou » (le Spartak défend tous les sports). « Passe acrobatique d’Aurel, beau mais raté » (le Spartak pardonne tout, même les auto-passes foireuses). « Allez, pas 60 ! », car, oui, les Lillois sont déjà à… 54 buts ! « MAIS OUI YOUYOU ! » Youyou, qui marque au poste de pivot, sur une belle passe d’Antoine ! « Arrêt Max, sur ailière ! ». « Depuis que Charlie a enlevé ses lunettes, il marque », glisse un certain B.N. « Youyou gueule un coup. Un deuxième coup ». « Aurel, pour Antoine ! »

Les minutes défilent… Un peu trop calmement, au goût de certains spartakistes, qui observeront, chez leurs adversaires lillois, un grand sérieux. Grand sérieux que d’aucuns oseront requalifier d’un « manque de fun ». On se prend à regretter les ambiances des matches précédents, plus bruyants, plus foutraques, plus joyeux, plus… D’autant qu’on se questionne : avec un match rondement plié dès le premier quart d’heure, avec un tel écart de buts, pourquoi alors garder une telle rigueur et se soustraire à toute fantaisie ? Des questions qui resteront sans réponse, puisque le coup de sifflet final met un terme au supplice spartakiste.

Un score tout rond, facile à retenir. Le saviez-vous ? 30 est « le nombre de pièces d’argent pour lesquelles Judas trahit Jésus, ainsi que l’année supposée de la crucifixion de Jésus ». 30, c’est aussi « l’indicatif téléphonique international en Grèce ». Ou encore « la magnitude apparente des objets astronomiques les plus faibles observables par le télescope spatial Hubble » (source : Wiki). 30, c’est aussi, par exemple, l’âge de votre chroniqueur, pour quelques mois encore du moins. Et donc, 30, c’est l’écart de buts, entre Lille 1 et le Spartak. Oui, le match se clôt sur un 56 – 26. Beaux joueurs, les Spartakistes rejoignent les Bleus dans les buts, pour la traditionnelle photo inter-équipes.

On ne s’attardera pas longtemps dans ce temple du hockey sur glace (au passage, on aurait bien eu envie d’enlever les gants, à deux ou trois reprises, pendant le match…), les coups à boire offerts ne devant pas être la coutume locale des autochtones. Qu’à cela ne tienne (ou « castagnettes », comme disaient deux grands humoristes des années 90-2000. À celui ou celle qui trouve la référence, le chroniqueur promet une récompense inégalable), qu’à cela ne tienne, donc, une petite frange de l’équipe se dirige vers un lieu assidûment fréquenté depuis peu. Il s’agira de garder l’adresse secrète, pour l’instant, ainsi que le nom, et ce, afin que le Patron du Bar ait le temps de faire le ménage et de trouver le nom idoine. On se quitte donc avec des parts de pizza turque et des verres de Cerdon, et on se dit… Mais ! A tout de suite ! A l’instar de leurs idoles du Mondial, les Spartakistes enchaînent deux matches, deux jours de suite ! Et à l’heure où nous écrivons ces lignes, ce mercredi soir, la joyeuse bande spartakiste est au Kipstadium de Tourcoing pour y affronter l’équipe de Decathlon. Stay tuned!

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